Le mot de l’auteure :
La soif spirituelle des jeunes générations est abyssale mais ils ne savent où puiser. Les adultes cherchent à transmettre leurs convictions mais ils se heurtent souvent à un mur. Nourrie par l’expérience de nombreuses années d’ateliers avec les enfants et les adolescents, je partage dans ce livre la joie que j’ai à me laisser retourner et saisir par l’inattendu de leurs questionnements. Un enfant est envahi par sa question et il confronte l’adulte à ses propres limites, il le conduit au lieu même de ses doutes.
Si nous voulons faire de nos textes sacrés des lectures de vie et non des répétitions mortifères, nous avons besoin des enfants. Quel que soit leur âge et ignorant même que leur recherche rejoint la nôtre, ils nous offrent des éclairages que nous attendons parfois depuis des années. Nous franchissons le territoire du savoir et accédons les uns par les autres à un travail intérieur qui nous convie au cœur de la foi.
« Dialoguer, c’est accepter d’être changé par l’autre », dit le cardinal Duval, archevêque d’Alger. Se taire, rendre le jeune acteur, chercher ensemble, puiser dans l’Écriture, se laisser déplacer par la rencontre… La foi ne se transmet pas, elle se reçoit dans une réciprocité. Destiné aux adultes, parents, grands-parents ou éducateurs, ce livre nous initie à l’exercice libérateur de l’écoute.
Extrait :
« Dans la Bible, les histoires de stérilité sont récurrentes, Sarah, Rachel, Élisabeth. Elles ne sont pas seulement d’ordre biologique, elles questionnent aussi notre honnêteté spirituelle. Nos résistances nous éloignent de Dieu. Adam se cache, Zachée aussi. Nous voulons voir la lumière mais la peur nous retient ; peur de la mort, peur de la nouveauté, peur de l’autre ou de l’étranger qui nous renvoie à nos manques et à nos pauvretés. Peur de la fulgurance et l’insolence des enfants : nous recevons leurs invectives comme des reproches qui agressent jusqu’à notre intimité. L’idée que nous pourrions avoir à nous remettre en question est un frein puissant, entretenue par la peur de souffrir. Les certitudes sont plus confortables. Jusqu’où consentir à la volonté du Père ? On oscille entre le désir de répondre à un appel intérieur et la tentation de préserver sa liberté par toutes sortes de justifications. C’est le combat de Gethsémani : je ne peux pas, je ne veux pas courir de danger, l’effroi me saisit (Mc 14,32-36). Quand oserons-nous comprendre que le ciel commence sur la terre et que le Christ ne cesse de nous inviter ? Dans l’Évangile Jésus ne répond pas aux questions qu’on lui pose. Il pointe une autre question. Il convoque notre choix personnel : comme Adam et Ève, nous sommes responsables de nos décisions. « Adam, où es-tu ? » (Gn 3,9). C’est dit dès la Genèse : que le Royaume advienne en plénitude, cela dépend de nous. »
Éditeur : CRER-Bayard Sortie : février 2020
Contact : agnescharlemagne@gmail.com
Formée à l’Institut des Sciences et Théologie des Religions de Marseille, Agnès Charlemagne a travaillé comme Adjointe en Pastorale Scolaire dans un collège catholique de Marseille.
Elle y a développé une méthode pour accompagner les enfants et les adolescents dans leurs questions spirituelles, qu’elle a publiée aux éditions Salvator (T’es où ? en 2015, puis Les ateliers et Comment parler de spiritualité avec les adolescents, en 2017). Conférencière et formatrice, elle tient une fois par mois la rubrique « Dis-moi en quoi tu crois » dans le quotidien La Croix.