Pourquoi j'ai écrit ce livre
Amable de Baudus est l’arrière grand-père de mon arrière grand-père. J’ai toujours entendu parler de lui et je me suis toujours dit qu’un jour, j’écrirais son histoire. Ce désir a cimenté un long travail passionnant à partir de nos documents familiaux et de la correspondance d’Amable aux Affaires étrangères. Au fil des mois, ce lointain aïeul m’est devenu aussi proche que mon propre grand-père et il me semble aujourd’hui que tout ce que j’ai publié jusqu’à présent préparait l’accomplissement de ce livre.
Florence de Baudus
En résumé
Issu d’une chaîne respectable de magistrats du Quercy, Amable de Baudus se retrouve émigré au cœur de l’Europe, où il fonde Le Spectateur du Nord, journal apprécié par les hommes les plus influents, dont Chateaubriand, et surtout Talleyrand qui l’attache à son ministère. Viennent les années napolitaines pendant lesquelles, à la demande de son compatriote Murat, il prend en main l’éducation du jeune prince Achille.
Sous la Restauration, Amable dirige le bureau de censure. Ce travail ingrat, qu’il détestait, a empoisonné les dernières années de sa vie. Il ne l’a accompli que par son sens du devoir et l’affection profonde qui le liait à Richelieu. Dans ces années agitées où les nœuds de fidélité se faisaient et se défaisaient sans cesse, Amable n’a pas perdu le cap. Cette existence qu’il n’aurait jamais imaginée vivre ne l’a pas empêché de devenir ce qu’il était appelé à être : un homme d’honneur, un chef de famille, un chrétien.
Extrait
"Le duc de Richelieu commence son ministère avec deux lourds handicaps : l’occupation militaire de tout le territoire français, qui doit durer au moins trois ans, et l’obligation de régler les réparations de guerre. C’est un homme de parole, mais il faut ajouter un sérieux frein à son action : la Chambre est composée d’une majorité de royalistes ultras, très loin des idées modérées du ministre. Cette division est très mal perçue à l’étranger qui confond dans une même aversion les deux tendances. Eh bien quoi, dit-on ? La Révolution française aurait, non seulement fait régner la Terreur, mais n’aurait pu enfanter qu’une France engluée dans son passé ! La presse, des deux côtés de la frontière, ancre dans les esprits cette fausse réalité. Comment y remédier ? Richelieu interroge son directeur des Archives.
- Il y aurait un moyen.
Devant le ministre intrigué, d’Hauterive développe son idée : établir un journal français à l’étranger qui soutiendrait les vues et les principes du gouvernement, une tête de pont, capable d’infléchir les mauvaises opinions les plus tenaces. Le succès de ce projet viendrait de celui qui le dirigerait, quelqu’un qui allierait une intelligence subtile, une honnêteté à toute épreuve, un sens de la diplomatie, une souplesse dans les relations humaines, le goût de la discrétion, une connaissance des langues étrangères, la compétence dans le métier de publiciste, et aussi des idées saines et modérées en politique.
- Un tel homme existe-t-il ? demande Richelieu incrédule.
- Oui, répond d’Hauterive. Amable de Baudus."
Amable de Baudus, Des services secrets de Talleyrand à la direction de la censure sous Louis XVIII, Florence de Baudus, Editions SPM Kronos, 380 p., 34 €.