Pourquoi j’ai écrit ce livre
Norge, chaque année, envoyait à ses amis un Noël : le Noël de l’araignée ou de l’éléphant, du corbeau, du rossignol, du lion… J’ai pris le relais. Longtemps mes Noëls furent un bestiaire. Puis vinrent Marie, Joseph, les bergers, les mages, les anges, les soldats, l’aubergiste, le poète. En me plaçant parmi les personnages, je revis mon enfance, je sens le temps me vieillir, je vois s’approcher mon dernier Noël, et je m’inquiète : me sera-t-il donné, cette année, l’an prochain, d’écrire un Noël ? Ces poèmes ont formé Polyptyque de Noël. Voici maintenant Méditation de Noël –In illo tempore.
En résumé
D’un poème à l’autre, le même motif parfois se répète, se reprend, si bien que chacun pourrait être la variante d’un même poème, latent, inapparu. C’est qu’il s’agit de faire entendre au poète ce qu’il doit entendre, de lui apprendre à voir clair dans sa nuit intime. Mais il se peut que, parmi ces motifs, il en est un qui soit essentiel. Dans Citizen Kane, un milliardaire, un magnat, un roi de Babylone s’est fait construire un palais plus vaste et plus riche que celui de Kubla Khan que vit en rêve Coleridge. Mourant, il murmure : Rosebud, « Bouton de rose ». Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’est-ce cela veut dire ? C’est le nom que Kane, enfant, a donné à son traîneau, et qu’il revoit, dans la neige de son enfance. Là est le secret, le trésor. Est-ce pour l’avoir perdu que le citoyen Kane a multiplié ses entreprises, construit son château, accumulé tant de richesses, conquis le monde ?
Extrait
Méditation de Noël – In illo tempore, Claude-Henri Rocquet, Le Centurion, 27 novembre 2014, 192 pages, 14 euros.