Le mot de l’auteur :
« Je suis allé à la rencontre de guérisseuses en France, en Suisse et au Canada. Guérisseuses ? Des femmes qui prennent en charge les maux qui ne trouvent plus aucune écoute, qui prennent indistinctement soin du corps et de l’âme, qui soignent à partir de dons. Vous pouvez les appeler énergéticienne, magnétiseuse, naturopathe, rebouteuse, médium, écothérapeute, chercheuse en mémoire cellulaire, chamane, gardienne des eaux, etc. Elles sont pour notre temps celles que les pouvoirs temporels et religieux ont autrefois malmenées ou persécutées. Je leur ai demandé de me dire la manière dont elles étaient devenues guérisseuses, les dons à partir desquels elles parvenaient à enclencher chez leurs patients un processus de guérison. Pour connaître leur art, j’ai reçu de leur part un soin, parfois plusieurs. C’est la notion de « maladie » et de « guérison » que ce livre interroge ; c’est celle de « féminin blessé » qu’il tente d’éclairer. »
Extrait :
« Je ne m’étais pas proposé d’écrire un livre sur le sang des femmes. Je voulais rencontrer des guérisseuses, celles qui me paraissaient encore détentrices de ce que les femmes, dans leurs combats contre la suffisance masculine ou simplement absorbées dans la tâche de préserver au fond d’elles-mêmes la ressource sacrée, semblaient avoir abdiqué. Cette puissance que j’ai dite, cette puissance qui avait toujours garanti à la communauté la vitalité du lien avec la nature, avec la terre, avec l’intelligence, avec les instances du ciel, ce lien par lequel l’énergie circulait, la grande énergie qui baigne le monde créé, qui est précisément l’invalidation répétée des frontières que le masculin s’emploie partout à ériger et dont son pouvoir est tributaire. Ces guérisseuses, autrefois sorcières, malmenées par le politique, le religieux, par le mariage des deux, par eux humiliées, par eux jugées, par eux éradiquées, j’avais eu la révélation de leur survie dans le monde où je vivais. »
Guy Trédaniel éditeur, 2019