Le mot de l’auteur :
Il y a longtemps, bien longtemps, que j’écris des poèmes inspirés de la Bible, comme un chemin intérieur du fini à l’infini, un chemin de fidélité aux sources et de rencontre. Un chemin au plus profond de l’humain, au plus secret du divin. L’inspiration reste libre, très libre, de sorte qu’un lecteur peu familier de la Bible pourrait presque ne pas l’apercevoir. Libre, voilée, elle n’en est pas moins fondatrice et irrigue non seulement l’architecture générale du recueil mais aussi chacun de ses vers.
Ces poèmes qui s’adressent aussi bien à des lecteurs croyants que non croyants se tournent vers des terres, des êtres, oubliés de nos mémoires. Le mot brise qui donne son titre au livre fait écho au qol demamah daqah (murmure d’un souffle ténu) entendu par Élie sur le Sinaï mais au-delà à toute manifestation discrète et apaisante d’une insaisissable Présence dans nos vies, d’une voix qui nous parle au plus intime de notre être du plus lointain. Peut-être que la poésie a cet humble pouvoir, ce devoir sacré, que de nous rappeler à plus d’humanité dans l’accueil du mystère de beauté qui souffle aux creux du temps.
Extraits :
Habiter la terre
Dans l’écho du vent,
Peuplier et nuages.
Assoiffé je creuse,
Creuse le temps, l’espace,
Angoisse et labeur.
Naissance des mots
Sur le seuil du secret,
L’attente brûle encore.
Les saisons, l’oubli,
Arcades de soleil,
Aimer et bâtir.
L’obscurité, l’abandon,
Chênes et acacias,
L’œuvre du silence.
Je sarcle, taille,
Pour que demeure
Le vin du poème.
Jacques André éditeur - Collection Poésie XXI - 2020