Pourquoi j’ai écrit ce livre
Il y a maintenant une quarantaine d’années que j’écris des poèmes, en prose ou en vers, inspirés de peintres et de musiciens. Après des publications de ces textes en revues, le premier recueil complet, autour de la peinture et de la musique, parut en 1997, il y a donc tout juste vingt ans, sous le titre de Récits 1 (1980-1993).
Cela fait aussi très longtemps que j’ai découvert que le langage de l’art, en particulier celui de la peinture et de la musique, était l’un des derniers langages, peut-être le dernier langage avec celui de la poésie, où nos contemporains, dans un monde marqué par ce que Nietzsche appelait « la mort de Dieu », pouvaient encore ressentir une forme d’émotion devant le sacré, le mystère, éprouver, à travers la beauté, cette part d’essentiel oublié dans l’agitation quotidienne.
Refrain poursuit cette aventure d’écrire en regardant l’œuvre des peintres, en écoutant l’ouvre des musiciens, et en s’attachant à conjuguer lisibilité et sens du secret. Parmi les sources inspiratrices, où se conjuguent profane et sacré, sont privilégiés les créateurs de sons et de couleurs qui ont témoigné d’un sens de la vérité humaine et de l’insaisissable. Refrain : des mots, des sons, des couleurs aussi, reviendraient sans fin comme pour habiter notre mémoire, notre existence, dans l’hospitalité de la lumière.
Extraits
Rouault
Crépuscule automnal,
Artisans et laboureurs,
Une parole brûle.
Exode d’étoiles,
La mort et la vie,
Un horizon murmure.
Lac du matin,
Bleu, rouge, vert,
Îles silencieuses,
Barque et silhouettes,
Le vent de sérénité
Berce les feuillages.
H.Dutilleux
Fleuve de mystère,
Un homme regarde,
Un homme écoute,
Au-dessus des ardoises
Bleuit le ciel.
Arbre d’espérance,
Des signes peuplent
Le temps de nos vies,
Ombre et silence.
Nuit des lointains,
Le musicien dessine
L’œuvre ultime,
Une voix de cristal
Remonte le fleuve.
Jacques André éditeur, Lyon, coll. Poésie XXI, 2017.