Avec des Illustrations de Valérie Perreau (55 lavis), Susanne Williamson (4 mines de plomb), Florence Hinneburg (une eau forte) Daniel Chantereau (une eau forte et un dessin à la plume).
Pourquoi j’ai écrit ce livre :
Dire pourquoi j’ai écrit ce livre me paraîtrait une imposture. Il serait plus juste de dire que ce livre m’a écrit. Son mobile est une énigme dans laquelle je mijote encore aujourd’hui. Les cinquante-six Lettres qui composent le recueil ont été reçues sur une période de dix ans. Ce n’est qu’à leur relecture et avec le recul du temps que j’entrevois ce qui se trame peut-être dans les coulisses du ciel pour leur épiphanie par le truchement d’une plume qui n’avait jamais écrit, la mienne. Transmettre, laisser trace du feu sur la terre des livres.
Témoigner du numineux ou chevaucher le nuage de l’inconnaissance est une entreprise à haut risque. Maître Eckart nous a aidés en posant les jalons d’une théologie négative : le plus haut de cette vie ne peut être circonscrit que par ce qui l’entoure, nous n’avons pas d’accès direct. Dieu, s’il est, est tout sauf ce qu’on peut en dire. C’est le vertige du poète funambule vacillant sur le fil de sa plume entre mystère insondable et lecture enchantée du monde, entre folie et ivresse.
Dans l’urgence d’obéir, le choix ne m’était pas donné. Il est une beauté cachée alentour qui se révèle par quelque fièvre ou fêlure, quelque brisure, quelque blessure de l’être. La plupart des Lettres du recueil se sont manifestées au mitan de la nuit, me tirant du sommeil, m’inondant d’un flot sauvage de mots et d’images. L’inspiration est un état d’ébriété dans lequel on ne sait plus très bien qui on est, c’est une possession dont seule la plume pouvait m’exorciser. La soumission était la seule option.
Si mon métier n’avait été de raison garder, il n’est pas exclu que les Lettres me l’eussent fait perdre, sans doute pour le meilleur. Il m’arrive de rêver que la plume veuille obéir à ma volonté d’écrire…, « rêve toujours » me chuchote-elle, « j’ai ma vie, vis la tienne ! ».
Extrait :
Vous écrire…
Revoir la mer après de longs mois gris dans la cité barbare, marcher au long des grèves sans autre compagnon que la marche elle-même et la course du soleil, battre du pouls océanique harassé de plein vent. Danser sur une étoile assez lointaine pour n’être pas distrait par la rumeur du monde, assez proche pour se griser du chèvrefeuille, goûter la pluie après l’orage, chanter avec le merle enivré de son chant, errer des jours durant dans les vastes prairies de votre visage, poignée magnifique de matière mystique.
Éditions Complicités, collection « l’art de transmettre », www.editions-complicites.fr
Date de parution: 2 Octobre 2017
L’auteur est médecin psychothérapeute et guide de haute mer.
https://www.facebook.com/marc.bouriche?ref=name
Venez retrouver l'auteur lors de ses dédicaces :
Samedi 3 Mars 2018, de 15h30 à 18h avec le concours du GEM (Groupement des Écrivains Médecins) et à l'occasion du nouveau salon du livre dédicacé, au café PROCOPE, salle Benjamin Franklin, 1er étage, café chargé d'histoire et de traditions littéraires,13 Rue de l'ancienne comédie, 75006 Paris, M° Odéon.