Pourquoi j’ai écrit ce livre :
C’est à la suite d’une conférence demandée par des amis médecins, dans le cadre d’un hôpital gériatrique, qu’est née l’idée de cet ouvrage. Aux côtés d’un philosophe, d’un biologiste et de personnels médicaux, il s’agissait de parler de la dimension spirituelle de la fragilité. Aujourd’hui, le thème est largement dans l’air du temps, au point qu’on ne sache plus, parfois, ce qu’il désigne réellement. On en trouve en effet de multiples expressions, psychologiques, culturelles, sociales politiques, philosophiques, spirituelles tant dans les medias grand public que dans les études universitaires. Sans prétendre à l’exhaustivité, mon propos ici est de le reprendre à travers une sorte de « credo de la vulnérabilité », d’une manière plurielle et ouverte.
Après la Bible, Pascal ou La Fontaine, l’image du roseau vient spontanément à l’esprit pour parler de la fragilité humaine. Une fragilité liée à notre condition mortelle, certes, mais qui semble désormais plus prégnante, plus accentuée dans notre modernité, en dépit de la volonté de toute puissance de l’individu, du progrès technique ou des cadres sociaux. Combien de traits de notre vie contemporaine ne nous rendent-ils pas plus vulnérables, comme la peur du terrorisme ou les changements climatiques ? A travers dix variations et intermèdes, nourris à la fois d’analyses mais aussi de moments plus subjectifs, qui s’ouvrent à la beauté, il s’agit dans ce livre de laisser parler en nous la grandeur de l’homme fragile. Une grandeur présente notamment dans le récit des Evangiles, la musique de Bach, les toiles de La Tour ou les lignes d’un Mauriac. Une grandeur toute en fragilité, qui, à l’image du roseau, peut se laisser aller au gré du Souffle.
Extraits :
« A cette vie de l’homme qui ne tient qu’à un « souffle », à ce cri du nourrisson qui naît au monde, à nous qui perdons haleine, à cette timide buée qui s’échappe des encore aux lèvres du mourant, il est offert une promesse nouvelle, celle de se laisser porter au gré d’un vent plus vif. Oui, pour vraiment changer d’air et faire de notre vulnérabilité une force délicate. Celle de la foi des fragiles. » p. 9
Editions Salvator. Parution : Octobre 2017
Marc Leboucher est éditeur et écrivain. Attentif à la rencontre de la spiritualité et de la culture contemporaine, dans le sillage d’un christianisme d’incarnation, il a publié de nombreux livres d’entretiens avec René Rémond, Joseph Moingt, Bernard Sesboüé et Jean-Marie Rouart. Collaborateur de la revue jésuite Christus, il est l’auteur d’une biographie remarquée de Jean-Sébastien Bach parue chez Gallimard en 2013 dans la collection « Folio biographies ».