Sophie Hasquenoph : Louis Bourdaloue

5 / 12 / 2013

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Pourquoi j’ai écrit ce livre

J’ai écrit cet ouvrage, étonnée par la réaction admirative de Madame de Sévigné à l’égard du père Bourdaloue. J’ai voulu savoir qui était véritablement ce prédicateur, évoqué à plusieurs reprises dans ses lettres. Je me suis dès lors rendu compte qu’il n’existait pas grand-chose d’écrit sur ce personnage, pourtant incontournable, du Grand Siècle. L’homme méritait une redécouverte, si ce n’est une réhabilitation.

Sophie Hasquenoph


En résumébourdaloue

Pour beaucoup aujourd’hui, le nom de Bourdaloue évoque au mieux une tarte aux poires, ou au pire... un pot de chambre. Mais qui sait que, derrière ce nom devenu commun, se cache surtout une grande personnalité du temps de Louis XIV ? Jésuite, prédicateur du roi et de la Cour, Louis Bourdaloue (1632-1704) est alors très recherché par les parisiens, au point de provoquer des embouteillages de carrosses, devant l’église où il prêche. Les femmes, tout particulièrement, l’admirent, comme Madame de Sévigné, qui se dit littéralement « entêtée » du père Bourdaloue. Pourtant, peu d’études ont été consacrées jusqu’à ce jour, à ce contemporain de Bossuet qui, assurément, lui a fait de l’ombre.

Extrait

« Le jésuite est un homme ouvert, non sclérosé dans une parole et un style immuables. Il sait prendre le meilleur de la pensée et de la méthode de ses prédécesseurs, pour convaincre et gagner du terrain face aux libertins, mondains et hérétiques. L’homme se situe à la confluence de plusieurs héritages : le moralisme, le cartésianisme, l’augustinisme et l’humanisme dévot de son époque. S’appuyant sur les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola, formidable école de psychologie et d’apostolat, s’appuyant également sur le modèle patristique de saint Jean Chrysostome et la « douceur » de saint François de Sales, il synthétise et manie avec dextérité ces différents héritages. Il sait être sévère en étant humain ; il sait être juste, en étant logique ; il sait être moraliste, en étant chrétien. Il est à l’aise aussi bien avec les riches qu’avec les pauvres, avec les grands qu’avec les petits. Il s’intéresse de près à l’homme qu’il décortique dans sa pensée et son mode de fonctionnement, comme le fait Descartes, quelques années seulement auparavant. Le Discours de la Méthode (1637) ne s’intitule-t-il pas, à l’origine, « L’histoire de mon esprit » ? Aux côtés des grands moralistes laïcs du siècle, de La Rochefoucauld à La Bruyère en passant par La Fontaine, le jésuite se penche sur l’humanité, en sa diversité, et s’efforce de l’amender. Il est juste de dire que le résumé de toute sa pensée se trouve dans le sermon « sur l’état de vie et le soin de s’y perfectionner ». Oui, le père Bourdaloue est concentré dans ces quelques pages, un Bourdaloue qui croit en l’homme, en la mesure de l’homme aussi, autrement dit en ses faiblesses, ses limites et son mérite. C’est sa façon à lui de vivre et d’espérer dans l’avenir de l’humanité et dans l’éternité de Dieu. »

Louis Bourdaloue, le prédicateur de Louis XIV, Sophie Hasquenoph, Salvator, novembre 2013, 350 p., 29,90 €.

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