Pourquoi j’ai écrit ce livre ?
Notre relation à Dieu est vivante, plénière et quotidienne.
De cette énergie de vie et de ce quotidien au fil des saisons est né mon journal spirituel préludé par ce jour où tout mon être fut traversé par une force divine renversante. La rencontre eut lieu dans la petite chapelle d’un monastère orthodoxe auprès duquel je vécus quelques années. Ma véritable patrie est depuis toujours la terre de Dieu en mon cœur sur laquelle est tracé un chemin de vie, comme l’écriture est depuis toujours le véritable espace de mon expérience de l’Indicible. Des recueils de poèmes, de pensées, de courts essais ou des récits, des carnets et aujourd’hui ce recueil qui rassemble des morceaux choisis de mon journal spirituel, ce lieu où s’aventure ma pensée en un entretien libre et infini. Là est exprimée toute l’intensité de ma vie intérieure et méditative, sous-tendue par l’intensité de ce lien intime et quotidien qui me lie à Celui qui n’est pas à nommer tant Il est l’Innommable.
Au fil des saisons et du calendrier liturgique, au fil de mes activités d’écrivain et de peintre, au fil de mes lectures, de mes passions pour la musique, l’art, la nature, l’esprit des lieux… je tente là de transmettre et de témoigner de cette tension amoureuse vers le divin qui donne un sens à ma présence au monde.
C’est ainsi que s’est construit ce recueil à travers un chemin de vie et d’écriture, car la parole — qui nous fonde ontologiquement et spirituellement — m’invite à dire cette gratitude émerveillée pour un bout de ciel entrevu.
Dans le prologue de cet ouvrage, je développe l’idée du journal spirituel comme dire, non pas uniquement personnel, mais qui « s’universalise dès qu’il se répand hors les murs en un je dispersé en route vers les autres » et l’Omniprésent, s’offrant comme parole poétique et mystique en marche vers la « catholicité de son dire ».
Extraits
Il suffit d’un bout de ciel pour que la création entière entre en nous, il devient alors un océan de vie dans lequel nous prenons un bain d’actions de grâces…
Ce fut matines. Sous la brume blanche et épaisse, la terre n’existait plus, le temps respirait à peine, et l’âme se répandait en oraisons à la gloire du jour nouveau…
Écrire.
L’œil
De page en page
Recueille
La nue beauté
Des ténèbres à la clarté, de la chair des silences, les mots affleurent.
Écrire — avec l’encre d’eau et de sang mêlée qui coule de la blessure de Son flanc.
Joie et douleur à la fois. Plénitude de n’être rien que la voix solitaire exultant sa prière.
Faire surgir l’arrière-monde des choses, leur présence silencieuse.
Le poème comme essence même de l’écriture.
Accueillir le souffle qui écrit Sa Parole en nous.
Accueillir l’infini du dire.
Tenir le fil de la Parole pour ne pas se perdre…
Exil de la mémoire, en route vers là où tout commence pour que s’ordonne le renversement du temps.
L’affranchissement du temps et de la mort, en une joie résurrectionnelle, pour une grâce déposée un jour en cette enfance lointaine de l’homme…
Sylvie Taurelle, Un bout de ciel, Journal spirituel au fil des saisons, Editions Médiaspaul France, 2016
Sylvie Taurelle
Écrivain / poète / Artiste peintre
Après des études littéraires et philosophiques, puis un cursus aux Beaux-Arts et un diplôme d’architecte, Sylvie Taurelle vit une conversion profonde dans la chapelle d’un monastère orthodoxe en France. Elle décide alors de se consacrer à la peinture et à l’écriture. Elle est notamment l’auteur d’un recueil de poèmes : Pierre écarlate du regard (Éditions Saint-Germain-des-Prés).
PAPIERS / DRAWINGS
Galerie Va Bene à La Romieu (Gers)
Du 24 juin au 7 août 2016
SYLVIE TAURELLE
Artiste plasticienne / Écrivain
JOURNAL SPIRITUEL
Les neuf papiers exposés ont été composés en résonance avec mon journal spirituel récemment paru aux Éditions Médiaspaul et intitulé Un bout de ciel.
Dans ce journal est exprimée l’intensité de ma vie intérieure et méditative, de ce lien intime et quotidien qui me lie à Celui qui n’est pas à nommer tant Il est l’Innommable, l’Ineffable. Parole au fil du temps, ce journal est comme un entretien infini de cet autre — ce nouvel homme en chemin — avec cet Autre : l’Inattendu.
Dans la matière des mots à ciseler, je tente de transmettre et de témoigner de cette tension amoureuse vers le divin à travers un chemin de vie et d’écriture, car la parole poétique — qui nous fonde ontologiquement et spirituellement — m’invite à dire cette gratitude émerveillée pour un bout de ciel entrevu.
Dans le prologue de cet ouvrage je développe l’idée du journal spirituel comme dire non pas uniquement personnel, mais qui « s’universalise dès qu’il se répand hors les murs en un je dispersé en route vers les autres », une parole poétique et mystique en marche vers la catholicité de son dire. Et ici dans cette série, hors les murs du livre, répandue sur des papiers qui dans leurs fibres portent encore l’eau, l’air, la terre, le ciel et le feu du soleil — l’essence première du monde —, la parole est libre et à la fois secrète parce que confrontée à son aporie majeure : l’Indicible.
Oui, des fragments d’écriture comme des constellations d’une parole vagabonde, sans commencement ni fin, vouée ici à son « illisibilité originelle », à l’usure du temps, vouée à la dispersion du sens et à la polyphonie de la forme, aux symboles comme flux d’improvisations, tout cela qui en absorbe, puis en retransmet l’énergie et à la fois le mystère de sa venue, car ici le dire est celé par ce qui ne peut se dire. Il est cousu du fil de ses silences.
« Et nous saignerons encore et toujours de la Beauté du Verbe, qu’il me semble, à l’orée de ce journal, avoir oubliée de dire, tant elle n’est pas à dire cette beauté, mais à accueillir en silence dans le secret de nos cœurs. » Extrait d’Un bout de ciel.
9 papiers originaux. Série intitulée Journal spirituel
Dimensions des papiers : 50 / 65 cm. Dimensions sur panneaux : 70 / 85 cm
- Papiers en fibre de lin et de chanvre faits main par un maître-papetier.
- Technique mixte comportant des textes écrits (extraits du journal spirituel Un bout de ciel) en fond au crayon graphite, puis aquarelle, liant et pigments naturels, cendre, pastels, collages de papiers avec textes et ficelle de lin.
- Pose sur panneaux en contre-plaqué de bouleau naturel.