FRANCOIS CHENG, Président d’honneur d’Écritures & Spiritualités,
a exprimé superbement la portée spirituelle et universelle de l’attachement à la cathédrale Notre Dame de Paris, « notre âme commune », lors de l’émission la Grande Librairie.
Nous en donnons de larges extraits.
“ ….Cette cathédrale qui existe depuis 850 ans en dépit de ses charpentes en bois, n’a pas connu véritablement d’incendie. Et tout d’un coup, ce 15 avril 2019 à 18 h 30, c’est arrivé. Cette flamme qui jaillit de ses entrailles et qui monte jusqu’au ciel avec une fureur stupéfiante, l’Histoire ne l’oubliera pas. Elle retiendra cette date.
Mais à un degré plus haut, il y a cette intense émotion qui s’empare de chacun. Et chacun dans la nuit, sidéré, désespéré, sent que cette émotion est partagée par les autres, et puis par tout un peuple et puis par le monde entier. A ce moment là on est entrainé irrésistiblement dans une communion universelle… Nous ne devons jamais l’oublier.
… Le peuple français a une révélation. C’est ce monument là et absolument pas un autre qui incarne notre âme commune chargée de spiritualité et d’histoire. Ce monument est fait de pierres vivantes, c’est à dire de chair et de sang parce qu’un cœur n’a jamais cessé d’y battre. Alors que cette chose existe, c’est à dire ce lieu, cette chose, où se réunissent la beauté, quand même, et la vérité humaine, c’est proprement extraordinaire. C’est l’honneur de la France. Notre Dame ce n’est pas seulement notre âme commune mais c’est l’honneur de la France, c’est à dire un seul monument qui réunit la beauté et la vérité humaine.
Si vous me permettez j’ajoute une très brève remarque intime. N’oublions pas que c’est Notre Dame donc c’est une présence maternelle. L’Amour maternel nous savons ce que c’est, quelque chose de naturel, de normal : on en jouit, on en profite on en abuse souvent, mais sans trop s’en soucier. Un jour, soudain, cette présence maternelle nous est arrachée. Alors on est plongé dans une tristesse infinie, dans un regret infini. On se dit : il y a tant de choses qu’on aurait pu lui dire et on ne l’a jamais fait. On ne lui a jamais dit : “je t’aime”. Maintenant c’est trop tard. Ce sentiment de « trop tard » nous a saisi au moment où la flèche s’est transformée en torche et s’est brisée. Alors un cri d’effroi nous a saisi…Notre Dame va partir sans qu’on ait le temps de lui dire adieu. Heureusement le lendemain on a été rassuré…Elle est sauvée. Dans ce cas, ne soyons pas oublieux. Soyons pleins de gratitude et soyons fidèle à ce bien commun.”