Pourquoi j'ai écrit ce livre
J’ai voulu que par-delà mon récit, le lecteur adhère à l’univers magique de cette terre lointaine, ignorée de la plupart, qu’est l’île de Madagascar. C’est pourquoi, j’ai fait en sorte de donner une description aussi objective et exacte que possible des lieux, des paysages.
Il m’a semblé également intéressant que cohabitent et interfèrent des entités terrifiantes, « inconcevables » et des êtres ordinaires. Ainsi, policier, chasseur, habitants de l’Antandroy ou des Hauts-Plateaux, ont des sensations (ouïe, toucher, odorat), des perceptions qui sont nôtres, et leur psychologie ne nous est pas inconnue.
Françoise Leclerc
L’univers magique de l’île de Madagascar n’est sous la plume de Françoise Leclerc ni un conte pour impressionner les enfants en mal d’aventures, ni une description d’ethnologue confronté à l’étrangeté d’une infra-réalité menaçante et envoûtante. Le poème est ouvert comme un poignard qui tranche dans le vif la folie et la sagesse de cette terre qui vit autant de ses racines brutes et de sa royauté blessée que de confrontations avec l’espace appelé moderne qui l’agresse. Françoise Leclerc ne le dit pas, mais elle paye son tribut à l’enfance passée à Madagascar, enrôlée dans ses forces surnaturelles si inoffensives en apparence. Elle n’en joue pas, elle laisse monter la sève sauvage telle qu’elle l’a vécue, en quelque sorte, pour montrer à quel point la poésie terrienne n’a rien de mièvre ni de prévisible, mais respire toute source quelles qu’en soient les conséquences.
Extrait
"Avec une légèreté, une aisance jamais ressenties jusqu’alors, le commissaire s’était redressé... les pieds effleurant le sol, il suivait un chemin creux où poussaient des fruits coriaces, emplis de poils à gratter, bois de rose et copalier… bois de rose et copalier, continuait la voix, la voix usée du phonographe, et le chemin n’en finissait pas... là-bas, au bout du chemin, sur fond de nuit extrême une étoile scintillait... verticalement inscrites étaient les branches de cette étoile vers laquelle voguait dans l’effluence tenace, l’odeur de bois de rose et de copalier, le commissaire André Babas. On le retrouva non loin des chutes d’eau de la Betsiboka..."
Le tombeau sakalave, Françoise Leclerc, L'Harmattan, octobre 2013, 74 p., 10,50 €.