Pourquoi j’ai écrit ce livre ?
C’est un livre que je ne voulais pas écrire… J’avais déjà écrit le roman de la construction des digues dans le marais poitevin Les lilas de mer (Robert Laffont, 2001). Et, lorsqu’a eu lieu la tempête Xynthia (février 2010), je suis allé naturellement retrouver mes amis, victimes et miraculés de la catastrophe. Ce sont eux qui m’ont dit : « Tu es romancier. Tu es légitime pour écrire le roman de la tragédie. Il n’y a qu’un romancier pour dire ce que nous avons vécu, de l’intérieur. Il faut que tu l’écrives. » Je l’ai écrit la peur au ventre. Il fallait que je sois fidèle à cette actualité brûlante, à la virgule près. Et je voulais que ce soit le roman total de la tempête… J’ai relu De sang-froid de Truman Capote et ça m’a aidé.
Yves Viollier
En résumé
Pendant la nuit du 27 au 28 février 2010, la mer est montée inexorablement en Vendée. Elle a noyé les plages et les routes, enlacé les maisons. Les habitants de la Faute-sur-Mer ont été piégés chez eux sans pouvoir échapper à cet élément si familier devenu en quelques heures un ennemi mortel. Julie dormait à la Pointe ; Guillaume et Alexandra étaient dans leur maison du lotissement en compagnie de leur fille ; les grands-parents Montauran venaient d’arriver dans leur cabanon de vacances avec Jérémie et Claire, leurs petits-enfants… A travers le destin de plusieurs familles, le roman recrée les heures terribles affrontées par ces hommes, ces femmes et ces enfants, mais il dépeint aussi la dignité, le courage et la solidarité dont ont fait preuve toute une région, tout un pays.
Extrait
"Elle voit un défilé sans fin de revenants qui marchent sur la digue de terre au bord de la rivière. Ils ont de l’eau jusqu’aux genoux, se suivent, à la queue leu leu, comme s’ils étaient sortis se promener, mais ils baissent la tête en regardant leurs pieds. En silence.
Des ombres. Quelques-uns sont chargés de sacs. D’autres portent des enfants à leur cou. Certains sont presque nus. Le vent soulève leurs chemises. Ils passent devant Alexandra qui les regarde de son toit, tout près, mais ils semblent ne pas la voir.
Ils continuent à remonter la digue en direction du terre-plein de la route, là-bas, au loin. Ils toussent, glissent parfois. Des couples se soutiennent par le bras. Un brouillard bleu, léger comme une respiration, glisse de la rivière sur eux."
La mer était si calme, Yves Viollier, Robert Laffont, août 2011, 230 p., 18 €.